Je voudrais vous parler d’un roman que je viens de lire et que j’ai énormément apprécié.
Autant le dire tout de suite, ça parle de Moriarty et Moran. Mais si vous en avez marre de ces deux là, vous feriez peut-être bien d’éviter mon blog un moment.
C’est un spin-off des romans d’Arhur Conan Doyle, comme de nombreux autres, qui est centré sur le réseau Moriarty. Mais ça se passe à l’époque du Sherlock Holmes d’origine, à l’époque victorienne, ce n’est pas une ambiance moderne comme avec la BBC.
En gros, il s’agit d’un recueil de nouvelles, les mémoires du Colonel Sebastian Moran, le second du mystérieux Professeur Moriarty. Leur duo est présenté comme une sorte de miroir de Sherlock Holmes et John Watson: Moriarty reçoit des clients, gère leurs problèmes avec l’aide de Moran, et le colonel écrit le récit de leurs aventures. Chaque nouvelle est le reflet d’une des aventures de Sherlock Holmes (A Study in Pink devient A Volume in Vermillon, The Greek Interpreter devient The Greek Invertebrate…)
Autant le dire tout de suite, le Moriarty de Kim Newman est beaucoup plus proche de celui de Doyle que de celui de la BBC. C’est un mathématicien et un astronome, froid, renfermé et intéressé seulement par les challenges que lui apporte la résolution des crimes des autres; Moran également est complètement différent de celui inventé par le fandom de la BBC (Newman explique dans une note que ce Moran est probablement homophobe, donc pas de ship MorMor).
Plusieurs éléments font la particularité et l’intérêt de ce roman.
Tout d’abord, le style de Moran, assez bourru et qui ne mâche pas ses mots, et apporte beaucoup de comique à des situations pourtant supposées sérieuses ou dangereuses.
Ensuite, le parallèle frappant avec les aventures de Holmes; car bien que le détective ne soit quasiment pas mentionné de tout le roman, Moriarty est dépeint comme une miroir ou une image en négatif de Holmes, ce qui est très intéressant.
Enfin, le fait que Kim Newman présente ce roman comme une histoire vrai, un manuscrit retrouvé dans les coffres d’une banque en faillite et publié sous forme de document historique annoté.
Pour vous donner un petit aperçu des perles qu’on y trouve, on a droit à une description de comment Moran s’est fait arracher un téton par un tigre; l’entretien d’embauche de Moran (qui ose tenir tête au plus grand criminel londonien, et se prend un bon coup de genoux dans les roubignoles pour sa peine); MORIARTY EN ROBE; des quiproquos hilarants entre les trois frères James Moriarty (« James, je viens te voir à propos de James. » « Quoi, qu’est-ce qu’il a encore fait, James? »); Moran qui décrit Moriarty comme étant une « vieille saucisse triste » (j’ai pas compris); Moriarty qui se vexe parce que Moran n’aime pas son cadeau d’anniversaire; Sophy Kratides (vous comprendrez); et bien sûr une fin qui vous retourne le cerveau, et vous fait encore vous poser des tas de question bien après avoir fini de lire.
The Hound of the d’Ubervilles est disponible en ligne à cette adresse; c’est en anglais, et assez soutenu, mais même sans comprendre tous les mots on comprend facilement les tenants et aboutissants de l’affaire.
L’histoire n’a rien à voir avec ce que les fans de MorMor pourraient attendre; Moran est résolument hétéro et il n’y a rien d’autre qu’une relation patron/employé (qui se transforme peu à peu en une amitié bizarre) entre lui et Moriarty; mais Kim Newman apporte de nombreux détails sur la vie et le caractère de Moran qui ont été très utiles au fandom, comme par exemple sa passion pour la chasse au tigre, l’origine de son surnom Basher, ce genre de choses. Bref, fan de MorMor ou non, si vous vous intéressez à l’histoire du Professeur Moriarty et ce qu’il peut bien faire quand il n’est pas occupé à torturer les neurones du pauvre Sherlock Holmes, si vous voulez en savoir plus sur ce génie criminel, si vous voulez connaitre les rouages du plus grand réseau criminel de l’Europe du 19e siècle, je vous conseil très vivement de lire ce roman.